Portraits de Jannik Sinner (ATP) et Leylah Fernandez (WTA)

Photo par Kevin MuellerUnsplash

À travers cet article, je vous propose de découvrir un joueur et une joueuse de tennis qui, selon moi, font partie des futures stars mondiales pour autant qu’ils soient épargnés par les blessures. Jannik Sinner (18 ans) et Leylah Fernandez (17 ans) sont tous deux très talentueux et, au travers de leurs interviews, semblent également avoir la tête solidement posée sur les épaules. S’ils continuent d’évoluer dans ce sens, ils vont sans aucun doute rafler les titres au plus haut niveau ces 15 prochaines années.

Jannik Sinner

Nom : Jannik Sinner
Nationalité : Italienne
Date de naissance : 16.08.2001
Lieu de naissance : San Candido (Trentin-Haut-Adige, Italie)
Type de joueur : droitier, revers à 2 mains

Contrairement à d’autres joueurs précoces, Jannik Sinner n’a pas commencé par pratiquer le tennis – qu’il a débuté à l’âge de 8 ans – mais le ski alpin, dès l’âge de 4 ans. En effet, la région du Trentin-Haut-Adige se situe dans les Alpes italiennes, à la frontière avec l’Autriche, elle est donc plus propice à la pratique de sports d’hiver que la grande majorité de la péninsule. Et ses premières années de skieur furent très prometteuses, le destinant peut-être à une carrière professionnelle. Mais, dans une entrevue accordée à Vanity Fair Italie en 2019, il déclare qu’il était frustré par le déséquilibre entre le temps passé à s’entraîner sur les pistes et celui passé à dévaler les pentes en compétition, beaucoup trop court à son goût. C’est son père qui l’a amené au tennis, sport qu’il pratiquait lui-même avec des amis pour le plaisir. A l’âge de 13 ans, le temps était venu pour le jeune Jannik de faire un choix et, en raison de sa frustration évoquée, il a choisi le tennis. Son début de carrière dans le monde de la petite balle jaune semble lui donner raison pour le moment.

À 14 ans à peine, il passe professionnel et est encadré par le coach renommé Riccardo Piatti dans son Piatti Tennis Center en Ligurie. Quelque deux ans et demi plus tard, le 31 janvier 2018, il fait son entrée dans le classement ATP à la 1’592ème place. Sa progression est alors exponentielle puisqu’il termine l’année au 551ème rang mondial, soit un gain de plus de 1’000 places en moins de 12 mois. Mais c’est 2019 qui va révéler Jannik Sinner aux yeux du monde entier. Il débute l’année en remportant ses premiers titres chez les professionnels (les Internationaux de Tennis de Bergame, en Challenger, et le Future M25 Ata Battisti di Trento, en ITF). Puis il continue sa progression fulgurante en gagnant des matchs au plus haut niveau, notamment à l’ATP 250 de Budapest en avril et au Masters 1000 de Rome – le deuxième niveau de tournoi juste après les Grands Chelems – le mois suivant. Le 22 juillet, soit avant ses 18 ans, il entre dans le Top 200 mondial et en devient le plus jeune membre à ce moment-là. Durant la deuxième moitié de l’année, il remporte le tournoi de Lexington aux États-Unis (Challenger) et fait son entrée dans le tableau principal de l’US Open (Grand Chelem) après avoir remporté toutes ses rencontres dans le tableau des qualifications. S’il perd son match inaugural contre Stan Wawrinka en 3 sets, son excellente année lui vaut d’être sélectionné via une wildcard pour les NextGen Finals de Milan, sorte de Masters des moins de 21 ans avec des règles quelque peu différentes de celles du circuit professionnel.

Et les organisateurs se féliciteront probablement longtemps d’avoir invité ce diamant brut. La première chose qui frappe quand on observe Sinner sur un court c’est qu’il semble n’avoir peur de rien. Il a toujours l’air très calme peu importe la situation dans laquelle il se trouve lors d’un match et ça, c’est la marque des grands. Le tableau des NextGen Finals cuvée 2019 était assez relevé puisque tous les joueurs engagés faisaient partie du Top 100 mondial. Et Sinner était non seulement le plus jeune de tous (et de 2 ans) mais était également le moins bien classé (93) à ce moment-là, on ne lui donnait donc pas beaucoup de chances d’aller très loin. Si le dicton dit que « nul n’est prophète en son pays », il y a fort à parier que le soutien de son public, en Italie, a décuplé les forces du jeune transalpin. Il s’est successivement débarrassé de Frances Tiafoe (46ème joueur mondial et déjà un titre ATP à son actif) et de Mikael Ymer (73) avant de perdre contre Ugo Humbert (56) pour boucler le Round Robin, mais sa qualification aux demi-finales était déjà assurée. Sur l’avant-dernière marche avant d’espérer atteindre le trophée se dressait Miomir Kecmanović, prometteur joueur serbe de 20 ans et classé 55ème mondial à fin 2019. Malgré la perte du premier set, Sinner a eu les nerfs solides et a réalisé l’exploit de l’emporter pour s’octroyer le droit de disputer la finale de « son » tournoi. Mais il lui restait une montagne à gravir en la personne d’Alex DeMinaur : 18ème mondial, l’australien était déjà finaliste de l’édition 2018 des NextGen Finals et avait, en plus, remporté 3 titres sur le circuit ATP (Sydney, Atlanta et Zhuhai) avant d’arriver à Milan. Autant dire que la tâche s’annonçait compliquée pour le régional de l’étape mais, on commençait à le comprendre, rien ne lui faisait peur. Et, à la surprise quasi générale, c’est bien Jannik Sinner qui s’est imposé dans ce match, ne laissant absolument aucune chance à DeMinaur. Pourtant très mobile, explosif et endurant, l’australien a été baladé sur le terrain et fut plusieurs fois à bout de souffle.

La saison 2020 est malheureusement tronquée, en raison de la pandémie de coronavirus, mais nul doute que ça aura permis à Jannik Sinner d’encaisser sa formidable année 2019 et de réaliser qu’il fera, à coup sûr, partie des meilleurs joueurs du monde ces prochaines décennies.

Leylah Fernandez

Nom : Leylah Annie Fernandez
Nationalité : Canadienne
Date de naissance : 06.09.2002
Lieu de naissance : Montréal (Québec, Canada)
Type de joueur : gauchère, revers à 2 mains

Née d’un père équatorien et d’une mère canadienne d’origine philippine, Leylah Fernandez est un savant mélange de courage, de ténacité et de lucidité. Si elle n’a que 17 ans sur le papier, quand on l’écoute parler et analyser ses matchs, on a parfois l’impression d’avoir à faire à une joueuse expérimentée. C’est probablement dû à sa progression fulgurante à travers les étapes qui construisent une carrière au plus haut niveau mondial. Si elle a profité de la qualité des infrastructures et de l’encadrement de Tennis Canada en grandissant au Québec, la jeune montréalaise a récemment posé ses valises à Boynton Beach en Floride pour continuer à évoluer. Sa professionnalisation, entamée à l’été 2019, passe aussi par l’engagement d’un coach en plus de son père, qui gère également la carrière de sa soeur (Bianca Jolie qui a 15 ans). Son choix s’est porté sur Dave Rineberg qui s’est occupé des soeurs Williams pendant 7 ans, notamment quand elles avaient le même âge que Fernandez, et qui a donc grandement contribué à leur développement. Quand on sait où sont arrivées Venus et Serena Williams, cela n’augure que du bon pour la jeune canadienne.

Sur les courts, Leylah Fernandez est une véritable pile électrique, ne s’arrêtant jamais de bouger, de sautiller, même entre les points. C’est une joueuse très portée vers l’avant, chose rare chez les jeunes qui essaient plutôt d’établir leur jeu depuis le fond du court. Elle joue chaque point comme si c’était le dernier et c’est probablement un gros élément de réponse quand on se demande comment elle a fait pour arriver là où elle est à son âge. Mais où en est-elle justement ? Aux portes du Top 100 mondial (118), elle peut se targuer d’avoir remporté le tournoi junior de Roland-Garros en 2019 (sans avoir concédé le moindre set à ses adversaires) et d’avoir battu la 5ème meilleure joueuse du monde en février 2020, la suissesse Belinda Bencic, lors d’une rencontre de FedCup.

En mars 2020, elle avait eu le grand honneur de recevoir une invitation pour le tableau principal du Masters 1000 d’Indian Wells, un des tournois les plus prisés hors des Grands Chelems. En effet, les tournois octroyant des invitations ont plutôt tendance à sélectionner des jeunes de leur propre pays. En tant que canadienne, Fernandez fut très surprise de recevoir ce cadeau mais le tournoi n’aura malheureusement pas lieu. En raison de la pandémie de coronavirus, Indian Wells fut le premier tournoi de la saison 2020 a être annulé et, depuis, Leylah Fernandez doit donc prendre son mal en patience et tenter de se maintenir en forme du mieux possible. Mais gageons qu’au moment où le circuit tennistique mondial pourra reprendre, elle sera prête et causera bien des soucis à ses adversaires.

Sources

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